Les 4 combats intérieurs de la maman qui travaille

En tant que maman qui travaille, la vie est dure… et belle… et dure… et belle. Vous l’aurez compris, j’ai une fâcheuse tendance à la schizophrénie. C’est ça, être maman au 21ème siècle !

Bien réveillée dès le saut du lit, organisée mais pas stressée avant de partir à l’école, souriante et énergique pendant la journée de travail, efficace pour les opérations courses ou RDV avant le retour à la maison, à l’écoute et bienveillante le soir venu… Pour tous ceux qui ont vu les sketchs de Florence Foresti, il y a donc la maman parfaite, et l’autre. J’essaie de me maintenir à cheval entre les deux. Trop parfaite, c’est trop lisse. Trop imparfaite, c’est pas cool pour la progéniture, qui souvent en subit les dommages collatéraux.

Mais alors, c’est quoi, ce juste milieu ? Vaste débat.

Loin de moi l’idée de faire la leçon et de proposer des solutions miracles. Je couche simplement sur le papier quelques réflexions qui m’ont occupée durant de longues soirées de remise en question, et qui m’ont permis de mieux vivre ma situation de femme-orchestre depuis. Voire, de kiffer grave.

1. Ne pas culpabiliser et encore moins chercher à compenser

Mais au fait, pourquoi ai-je continué à travailler si c’est pour confier mon enfant à d’autres, ne plus profiter de lui à temps plein et donc finalement ne plus l’éduquer directement ?

Parce que j’en ai besoin ! J’ai besoin d’avoir une vie sociale extérieure à celle du cercle des mamans de l’école. J’ai besoin d’être reconnue pour des compétences autres que celles de bien s’occuper de mon enfant et de la maison. Et en plus, soyons honnête, je déteste les tâches ménagères, alors autant gagner de l’argent à faire quelque chose qui me plaît, pour pouvoir ensuite payer quelqu’un d’autre pour les faire (mieux que moi) à ma place.

Ce choix de travailler, il faut l’assumer. Ne pas rougir en reconnaissant que vous en avez besoin, que c’est une part constitutive de votre épanouissement. Même si oui, les premières séparations, le retour au bureau… ont été une épreuve terrible pour moi, malgré les conditions idéales de cette reprise, puisque mon mari a pris 3 mois de congés à son tour pour s’occuper de notre fils avant son entrée à la crèche à 6 mois.

7-syd-mel-40Si vous assumez pleinement vos choix, vous n’aurez plus à culpabiliser quand vous laisserez votre enfant une heure de plus le soir à la garderie. Cette heure de plus, elle n’a absolument aucune importance si vous récupérez ensuite votre enfant sereine, psychologiquement disponible et prête à passer un bon moment ensemble, même s’il est court. Qu’il soit court et intense.

C’est par cette qualité de la relation que vous assurez une sécurité émotionnelle à vos enfants. Pour certaines personnes, la culpabilité se transforme parfois en compensation : un petit cadeau par-ci, un caprice auquel on cède par-là… Objectivement, vous croyez vraiment pouvoir acheter l’amour d’un enfant ? Il va certes profiter de ce que vous lui offrez, mais pour autant, il ne va toujours pas se sentir en sécurité et il en demandera vraisemblablement de plus en plus, car cette substitution ne fait pas vraiment illusion et ne comble pas son désir réel d’attention : vous en faites un consommateur insatiable, jamais satisfait.

Autre astuce du parent culpabilisé : inscrire son enfant à pléthores d’activités extra-scolaires. C’est une bonne idée si l’enfant en a envie et s’il peut choisir ses activités. Sinon, c’est lui créer des temps additionnels en collectivité, alors que les journées d’école sont déjà longues, et ne pas lui permettre une chose fondamentale : glandouiller, s’ennuyer, avoir du temps LIBRE, être avec vous.

2. S’organiser pour optimiser son temps et améliorer sa qualité de vie

Vous aussi, vous êtes à la recherche d’une baguette magique pour que vos courses se fassent toutes seules, tout comme les lessives et autres joyeusetés…?

Alors évidemment, je n’ai pas trouvé de baguette, bien que mon fils m’en ait proposé une :

  • lui : Je vais te donner un peu de la magie que j’ai dans le cœur
  • moi : Ah, super ! Je vais pouvoir faire des courses sans me déplacer, comme ça ??
  • lui : Ah non, désolé, j’ai pas de magie de courses, mais par contre tu pourras aller très vite

Bon, après essai, ça marche moyen, mais c’est l’intention qui compte.

J’ai donc essayé d’autres techniques et là encore, il s’agit d’un avis tout personnel et donc subjectif :

Manger bon, de saison, et si possible local et bio

Pas facile, facile… Il y a bien la Ruche qui dit oui, mais en l’occurrence, celle près de chez moi a fermé et les producteurs n’ont pas l’air convaincu par le modèle en zone rurale : trop peu de volumes pour le temps passé, et donc une rentabilité très faible pour eux.

Faire le tour des producteurs et éleveurs du coin ? Difficilement compatible avec la vie trépidante d’une maman qui travaille, même si une virée ponctuelle est très rafraîchissante (mais je ne vous parle pas de mon bilan carbone !).

img_0170Les AMAP ? Beaucoup en sont revenus, désemparés par les paniers hebdomadaires tous identiques pendant nos longs hivers parisiens, avec son trop-plein de blettes et de patates…

J’ai trouvé MA solution (attention, je n’ai pas de parts dans la société). C’est un peu une solution de princesse j’en conviens, et elle est encore perfectible, mais jugez plutôt : Quitoque propose des paniers hebdomadaires, livrés à domicile, à composer en fonction de la taille de votre foyer et de vos goûts (végétarien ou non). Chaque panier est livré accompagné de recettes simples à mettre en œuvre. Si vous n’êtes pas là cette semaine-là, vous pouvez annuler votre commande sans frais. Idem si vous n’aimez pas les recettes proposées. Pour moi, l’avantage est triple : des produits qui viennent à vous, des plats qui s’inventent sans se creuser la tête, et des menus qui changent avec la découverte de produits et saveurs parfois inconnus. Que demande le peuple ? Les moins ? Ce n’est pas donné (en valeur absolue), mais je trouve que c’est néanmoins un bon rapport qualité-prix. En tout cas, je suis prête à payer ce prix-là pour cette prestation.

Décompresser !!!

Gagner du temps, c’est aussi savoir en perdre, en tout cas en consacrer à des activités non productives. Qui ne mènent à rien. Qui font du bien. Tout de suite, vient en tête un spa avec jacuzzi et massage… Alors je dis oui, mais qui peut se payer un abonnement hebdomadaire ? Pas moi en tout cas. Je le fais ponctuellement, parce qu’effectivement ça fait du bien. Mais quand je parle de décompresser, je pense à des activités bien plus accessibles : un apéro entre copines, une soirée pizza-foot avec son mari et ses potes, une sortie ciné, un bon bouquin… Les choix sont variés en fonction des goûts et des envies de chacun. En tout cas, ça paraît indispensable pour se sentir bien.

Personnellement, j’ai aussi opté pour des MOOC qui me donnent l’occasion de découvrir ou d’approfondir mes réflexions sur certaines thématiques comme le travail flexible, la conception d’ « oasis », l’éducation, l’économie circulaire… En plus des apprentissages prodigués, c’est une occasion unique d’échanger avec des personnes qui ont les mêmes centres d’intérêt et donc de se créer un réseau riche qui permet d’envisager pleins de projets… Ah oui, j’ai oublié de vous dire, je fonctionne en mode projet et j’ai sans arrêt besoin de nouveaux challenges pour me sentir vivante…

Bon, on ne peut pas dire qu’on gagne beaucoup de temps avec ce type d’activités, mais par contre, on a l’impression de bien l’utiliser et de construire.

Se créer un cadre de travail propice

Chacun a ses propres critères en la matière et tous n’ont pas le choix.

La plupart des salariés doivent encore subir des trajets pendulaires parfois laborieux pour se rendre à leur bureau le matin et rentrer chez eux le soir. Néanmoins, une vraie brèche s’est ouverte avec la naissance du télétravail et l’éclosion des espaces de coworking. Késako ?

Plutôt que de faire des trajets inutiles, au lieu de rester isolé à travailler seul chez soi dans des conditions parfois imparfaites, plutôt que de se bloquer avec un bail de location classique sans flexibilité…, l’espace de coworking vous propose un bureau nomade ou résident pour travailler en toute autonomie dans un lieu partagé, parfaitement équipé et offrant de multiples services. Sans parler du réseau professionnel auquel il vous donne accès et qui peut constituer une réelle opportunité pour votre business si vous êtes indépendant. Evidemment, dans ces conditions, on appréhende les journées de travail différemment.

Pour plus d’infos, vous pouvez découvrir une large palette de lieux sur www.copass.org.

3. Savoir apprendre de ses enfants et reconnaître que l’on s’est trompé

Un jour que j’étais au volant, avec mon fils à l’arrière, je m’énerve à voix haute sur « ce gros lent devant », qui n’avançait pas. J’entends alors une petite voix qui vient de derrière-moi et qui me dit : « On est pressés, maman…? ». Et bien non. Nous n’étions pas pressés. Je m’étais juste conditionnée à être désagréable et à ne pas tolérer que quelqu’un devant moi n’ait pas le même rythme frénétique que moi.

img_0174Ce que je veux dire ici, c’est que nos enfants, et leur incroyable candeur, leur bon sens aussi, nous apportent parfois les réponses à nos questions les plus complexes et à nos problèmes existentiels : parfois, vivre simplement dans l’instant présent procure bien-être et réconfort, tandis que nos projections de course sans fin sont anxiogènes et nous empêchent de profiter des bons moments.

C’est souvent dans ces contextes de stress que nous sur-réagissons à la conduite de nos enfants : si nous prenions ne serait-ce que 2 secondes avant de réagir, la plupart du temps, nous aurions conscience qu’il n’y a rien de grave. Pas de risque pour leur sécurité, leur intégrité physique, ni même d’insolence crasse ou de parole déplacée…? Un simple recadrage sans hurlement ni punition peut suffire. OK, ce n’est pas toujours le cas. Mais le simple fait d’avoir des réactions proportionnées, et donc graduelles, procure des repères beaucoup plus lisibles pour un enfant, qui sait ensuite faire la différence entre une petite bêtise et une très grosse.

Si on s’est trompé, si on a traité son enfant injustement, il est également possible de le lui dire et de s’excuser, comme on lui demandera de faire la même chose dans le cas contraire. Il s’agit là d’un principe éducatif non plus bâti sur la crainte et la domination, mais sur l’écoute bienveillante et le cadrage structurant.

J’en entends déjà certains : plus facile à dire qu’à faire !! Et comment fait-on avec les vrais durs, les têtes de pioche ? Si vous vous posez cette question, je vous invite à lire l’excellent ouvrage de Céline Alvarez : Les lois naturelles de l’enfant. Elle explique quels schémas elle a mobilisé pour emmener toute une classe d’enfants de Gennevilliers vers la sérénité, l’entraide et un apprentissage épanouissant et performant. Totalement bluffant : elle démontre qu’avec une telle approche, on peut embarquer tout le monde, sans laisser personne sur le carreau.

4. Avoir pour objectif ultime l’envol épanoui de son enfant

Mais alors, avec un temps partagé réduit, continue-t-on à éduquer ses enfants ? Sont-ils encore les « nôtres » ?

D’abord, nos enfants ne nous appartiennent pas. Nous les avons conçus pour qu’ils deviennent des 7-syd-mel-88adultes autonomes et indépendants. Non ? Peut-être que là, j’en ai perdu certains… En tout cas, c’est vraiment ma conception. Faire pousser le plus droit possible un nouvel être qui a son tempérament, ses forces, ses faiblesses, ses parts de lumière et d’ombre, et l’aider à comprendre et à appréhender ce monde en lui apportant un cadre, des valeurs… qui feront en théorie de lui quelqu’un de bien : responsable, socialement clairvoyant, altruiste, volontaire, gentil, courageux, ingénieux… et surtout, heureux ! Par conséquent, c’est très bien que nos enfants soient confrontés à différents univers au cours de leurs journées. Ils prennent ainsi du recul, aiguisent leur esprit critique, développent leur libre-arbitre… Les mettre sous cloche durant leur enfance reviendrait à reculer pour mieux sauter par la suite : il faudra bien qu’ils affrontent le monde un jour, et le plus tôt sera le mieux. D’autant que ce monde peut être beau.

Ensuite, qui a dit qu’il fallait passer 24h/24 avec une personne pour lui transmettre les fondamentaux ? Il ne s’agit pas de conditionner, ni de remplir le crâne de connaissances, mais bien de pousser à réfléchir, d’éveiller la curiosité, d’expliquer le monde… N’avez-vous pas, vous-mêmes, le souvenir d’un grand-père ou d’une autre figure, que vous ne voyiez pourtant pas au quotidien, mais qui a gardé une grande place dans votre esprit et dont vous avez appris beaucoup ? Ce n’est pas la quantité qui compte, mais bien la qualité.

96-cairns-5Enfin, pour l’avoir expérimenté avec mon fils, ce qui leur donne des ailes, ce qui les aide à développer une confiance en eux solide, c’est de s’enthousiasmer avec eux sur les petits riens du quotidien qui sont leurs vraies réussites personnelles, leurs défis, leurs découvertes ! J’adore quand mon fils m’interrompt pour me montrer un magnifique coucher de soleil, ou quand il me sort une de ses phrases chocs que vous retrouverez des échantillons disséminés dans cet article, y compris sous le coup de crayon de Tatienne Laplanche. Bref, de l’amour, du partage, des petits bonheurs…

Voilà où j’en suis de mes réflexions pour concilier une parentalité heureuse et une vie professionnelle épanouie. Rassurez-vous, je n’arrive pas à appliquer la moitié de mes propres préceptes à temps plein, mais j’essaie. Ce n’est pas un aboutissement, mais bien un chemin, donc je suis preneuse de tous vos commentaires, idées, trucs et astuces…