Après avoir écrit cet article en octobre 2016 et avoir renoncé à le publier, de nombreux événements sont intervenus depuis et me poussent aujourd’hui à le faire. Pourquoi avais-je renoncé ? Parce que je ne me sentais pas légitime pour aborder ces sujets. Mais comme je le disais, tout a changé depuis : je pense maintenant que chaque citoyen doit s’emparer du calendrier électoral qui approche, et plus encore de la vie de la cité, en agissant. Je prends le risque de ne pas plaire à tout le monde. En même temps, je n’assène pas de vérité ni de dogme, je ne fais que poser des questions, suggérer de nouveaux points de vue et vous proposer d’y réfléchir, pour vous faire votre propre opinion, vous bousculer, vous inciter à vous positionner. Pour rester des citoyens éveillés, quelque soit votre point de vue. Il faut que votre voix soit ferme et qu’elle soit entendue. Engagez-vous, agissez !
L’année à venir me semble concentrer de nombreux enjeux, qui vont décider de notre avenir commun et orienter le chemin que va prendre notre pays. Je parle bien évidemment de l’élection présidentielle prévue en 2017, mais aussi de tous petits riens qui peuvent devenir un grand tout si nous, citoyens, nous mobilisons et faisons en sorte de construire des projets ensemble.
Un écolo au MacDo, ou comment éviter toute forme de schizophrénie
D’abord, nous devons arrêter de culpabiliser à tout bout de champs.
Dans les espaces de coworking, notre devise est souvent proche de celle du Mac Do : « Venez comme vous êtes ». Alors, sommes-nous finalement un produit de consommation directement issu d’une société marchandisée ?
La question mérite d’être posée, car nous sommes chacun remplis de paradoxes. Je prends mon propre exemple : je cherche à limiter mon impact sur la planète et à consommer local, pourtant je continue à boire du Coca… J’ai autour de moi des personnes qui font leurs courses dans les fermes bio alentours et arrosent leur jardin au Roundup, des pourfendeurs de l’exploitation enfantine qui commandent leurs fringues sur Internet à l’autre bout du monde, des adeptes de la méthode Montessori qui collent leurs gamins devant la TV pour acheter leur tranquillité…
Bref, je sais que je ne suis pas un modèle du genre. Je sais aussi que, toute pétrie de contradictions que je suis, je fais malgré tout (un peu) ma part. Où est-ce que je veux en venir ? Chacun d’entre nous doit s’engager à la hauteur de ses moyens, pour faire évoluer notre société dans le sens qui nous paraît juste, et surtout de manière pérenne et de façon enthousiaste. Pas de projet sans envie, sans passion, sans but.
Que me vaut d’être si optimiste ? En tant que gestionnaire d’espace de coworking, je croise chaque jour de jeunes entrepreneurs, des indépendants, des porteurs de projet… Tous ont renoncé au salariat. Chacun y a été de sa petite analyse personnelle de la loi Travail, mais aucun ne s’est senti concerné, car c’est ça, la société qui se construit actuellement : une société où une part de plus en plus grande de travailleurs décide de reprendre sa liberté, sacrifiant de ce fait sa sécurité et la régularité de ses revenus, mais gagnant au passage la capacité de travailler à son rythme, selon ses valeurs et à l’endroit qu’il a choisi. Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire et ça ne conviendra jamais à tout le monde. En tout cas, cette armée pacifique d’individus qui ont fait ces choix courageux constitue une part non négligeable des forces vives qui pourront demain aider à la concrétisation de milliers d’aventures et de projets qui feront la France d’après-demain.
A mon seul niveau, voici en quelques mois toutes les rencontres et idées qui sont arrivées jusqu’à moi (parmi beaucoup d’autres) : une bonne vingtaine de projets d’espaces de coworking, conduits par des collectivités ou des porteurs de projet privés ; de tiers-lieux de type résidence d’artistes, habitat collectif, ateliers collaboratifs, ou encore jardins partagés en permaculture ; de vente directe de produits agricoles ; de jumelage d’espaces de coworking, dont un avec le Québec ; et des contacts avec des associations professionnelles et de réseautage à foison…
Vous y voyez des utopies ? J’y vois l’avenir.
L’engagement citoyen comme une pierre à l’édifice
La culpabilité ou l’ampleur de la tâche ne doivent en aucun cas devenir des excuses pour ne rien faire. Les légendes et la réalité nous donnent assez d’exemples démontrant la puissance du « petit », du « faible », de l’ « anti-héros » dès lors que ce dernier fait preuve d’ingéniosité, sait convaincre et fédérer, pour ainsi devenir moins petit, plus fort et se faire finalement entendre. D’ailleurs, nous en avons eu une belle illustration récente dans notre région en réussissant à remettre en question l’ouverture d’un hypermarché (de plus) grâce à la mobilisation de tous les habitants. Reste maintenant à transformer cette énergie, pour que l’espace ainsi libéré puisse accueillir un projet qui ait du sens pour notre écosystème.
Le film Demain est un bel exemple de ces réussites locales, conduites par une poignée de citoyens d’abord, bientôt rejoints par une horde de nouveaux adeptes, adeptes non pas d’une idéologie, d’une religion ou d’un mirage, mais bien de la concrétisation sous leurs yeux ébahis d’une nouvelle forme de collaboration qui porte haut des valeurs comme l’autonomie, le collectif, l’espoir, le respect de l’environnement et des autres. Et le bon sens, surtout ! Comment imaginer que notre monde pourra aller mieux en espérant plus de croissance, plus de commerce international, plus d’inflation… Alors que justement, ce sont ces 3 facteurs qui nous tuent à petit feu.
Remettons les choses à leur place :
La croissance ? Ou comment continuer à surexploiter les ressources de notre planète et à surconsommer des produits et services dont nous n’avons pas besoin. Qui a dit que nous avions besoin d’une croissance soutenue pour aller bien ? Uniquement ceux qui regardent la dette publique comme un dilemme inextricable. Nous pouvons aussi faire d’autres choix, notamment de repenser totalement notre système bancaire et notre budget public, le premier en acceptant de rayer les ardoises et en envisageant des faillites, le second en revenant à une solidarité beaucoup plus locale et moins coûteuse.
Le commerce international ? Ou comment multiplier les transports de marchandises inutiles et maintenir une logique d’exploitation des populations les plus fragiles, plutôt que de redéployer une économie locale pérenne et juste économiquement. Cela ne nous empêchera pas d’accompagner le développement des autres pays du monde, ni d’échanger les produits qui sont réellement indisponibles localement, bien au contraire puisque nous n’aurons plus de conflit d’intérêt à le faire.
L’inflation ? Ou comment rentrer dans une logique macro-économique qui fait perdre de la valeur à notre monnaie, oblige les entreprises à augmenter leurs prix, pousse les consommateurs à demander des hausses de salaire, dans une course en avant qui ne sert que ceux qui spéculent avec l’argent des autres en misant sur une évolution totalement artificielle des cours mondiaux.
Alors, que faire ? Repenser un monde simple et efficace.
Ne pas se complaire dans la victimisation, ne pas arrêter de vivre, ne pas passer son temps à se plaindre, mais proposer, faire, fédérer, pour que de nouveaux modes de consommation apparaissent, que des équipes se montent, que des projets naissent. Ce mouvement est déjà en marche, mais il reste confidentiel, et surtout il est dénigré par les médias et les candidats à la future élection, qui voient derrière ces tentatives une bande de doux-dingues révolutionnaires qui veulent avant tout aboutir au chaos et à l’anarchie. Arrêtons de croire en ces inepties, c’est tout le contraire. Je ne veux plus jamais entendre, comme cela a été le cas il y a quelques mois, un homme politique déjà jugé pour diverses affaires de corruption, inéligible pour plusieurs années, de retour comme tant d’autres, et qui ose m’asséner : « Je vois que vous êtes une adepte de la fumette, au revoir Madame… ».
Ne vous y trompez pas : les agitateurs et autres lanceurs d’alerte ne sont pas des urluberlus sans cervelle. La plupart ont fait de hautes études (même si ce n’est pas un pré-requis pour avoir du bon sens, soyons bien d’accord), savent de quoi ils parlent et connaissent les pratiques des grosses machines de notre époque de l’intérieur. Aucun intérêt pour eux à révéler leurs secrets : la plupart finissent sans ressource, black-listés de tous les réseaux, quand ce n’est pas en prison. Alors, sont-ils juste fous ? Convaincus par une vague théorie du complot ? Ou basent-ils leurs allégations sur de véritables preuves ? A vous d’en juger. En tout cas, il est bon de savoir que les procès en diffamation sont rares dans ces affaires, ce qui constitue un indice supplémentaire quant à la véracité de leurs propos.
L’engagement politique comme un porte-voix
Je ne veux plus que ces personnes nous représentent, encore moins qu’elles nous dirigent. Je ne sais pas encore pour qui je vais voter au printemps. J’espère encore qu’un candidat va émerger de la société civile : quelqu’un qui aurait déjà fait ses preuves, qui connaîtrait la vraie vie, qui aurait une vision pour la France, faite de petits pas et de grands idéaux. Charlotte Marchandise, de la Primaire.org, peut-être ? Si vous voulez en savoir plus, consultez son site.
A titre personnel, je suis enthousiasmée par le mouvement Colibris, qui est certes orienté politiquement, mais qui a l’avantage de partager ses intuitions et ses enseignements sous la forme de MOOC gratuits de très bonne qualité, qui permettent ainsi d’essaimer des pratiques et de les valider à plus grande échelle. Et de fait, il semble que ces expériences soient concluantes ! Récemment, le mouvement a lancé Le Chant des Colibris, appel relayé par de nombreuses personnalités : je vous invite à le découvrir.
Je suis une grande débutante de la scène politique. Ce petit texte le démontre aisément. En tout cas, je vais m’impliquer de plus en plus dans les débats à venir, l’idée étant non pas d’imposer ma vision du monde, mais de faire réfléchir chacun de nous, pour que nous fassions notre part. Je pense aussi aux futurs électeurs, nos enfants, qui doivent vivre les yeux grands ouverts et aiguiser leur esprit critique.
Pour commencer, j’ai donc décidé d’intégrer l’équipe des élus de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Yvelines, au sein de la liste Yvelines EntrepriseS. Pour info, ce mandat est totalement bénévole. Si je me lance, c’est d’abord parce qu’on m’a sollicité, mais aussi parce que la CCI m’a bien accompagnée depuis le lancement de mon entreprise : il est donc logique que je rende la pareille en donnant de mon temps et de mon énergie bénévolement. L’un de mes principaux challenges sera d’accélérer considérablement le déploiement de la fibre au sein de nos territoires, qui constitue de mon point de vue la priorité absolue si nous voulons que des entreprises considèrent ces zones comme attractives. Cela me paraît un bon début pour ancrer les emplois durablement dans notre région et donc pour lutter efficacement contre le chômage, la désertification et les problèmes de transport vers Paris.
Evidemment, je m’exprime à titre tout à fait personnel à travers ce texte, et mes propos ne sauraient engager la CCI Versailles-Yvelines.
Conclusion
Je ne souhaite surtout pas vous influencer dans vos convictions et dans vos choix. Simplement, j’aimerais que chacun de vous, qui ira mettre son bulletin dans l’urne bientôt, le fasse en toute conscience, après avoir réfléchi à ce qui est le plus juste. J’espère sincèrement que vous ne voterez pas par défaut, mais positivement. Pour vous, et dans l’intérêt collectif.
Par ailleurs, si vous avez des projets ou des idées que vous souhaitez mettre en œuvre, passez nous voir au 50 Coworking : aujourd’hui et plus encore demain, nous souhaitons que cet espace soit le vôtre et celui de tout notre écosystème.
A bon entendeur,
Une simple citoyenne parmi tant d’autres
Voici enfin quelques références bibliographiques et liens si vous voulez éveiller votre esprit aux enjeux actuels :
Naomi Klein : Tout peut changer
Daniel Kahneman : Thinking, Fast and Slow (a priori une version française existe également)
Université des Colibris : Concevoir une oasis, Améliorer l’éducation, Découvrir l’agroécologie…